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Informatique et télecoms

Pourquoi Google n'est pas français

19 Août 2014 , Rédigé par Informatelecom Publié dans #Google

Il y a moins de vingt ans, ses deux futurs fondateurs se rencontraient sur le campus de Stanford, aux Etats-Unis. Il y a dix ans, elle était introduite en Bourse. Aujourd'hui, la start-up Google est devenue un géant. C'est le site Internet le plus visité au monde, avec plus d'un milliard de requêtes par jour. Ce sont 60 milliards de dollars de chiffre d'affaires et près de 400 milliards en Bourse, ce qui en fait la troisième capitalisation boursière au monde derrière Apple et Exxon. Après IBM et les grands ordinateurs, après Microsoft et les logiciels, c'est l'incarnation de la troisième vague des technologies de l'information, celle des réseaux. C'est surtout une puissance formidable, et donc un formidable objet de contestation sur toute une série de sujets comme l'abus de position dominante, la censure, le non-respect de la vie privée et la remise en cause du droit d'auteur. C'est enfin une aventure typiquement américaine, sans équivalent en Europe et encore moins en France, où l'âge moyen des entreprises du CAC 40 dépasse le siècle.

Cette construction accélérée de la puissance vient de l'enchaînement de trois logiques qui n'existent pas sur le Vieux Continent. La première logique est universitaire. Le monde académique américain est ouvert sur l'entreprise. Larry Page et Serguei Brin, les fondateurs de Google, ont inventé l'algorithme qui est encore aujourd'hui au coeur de son moteur de recherche dans un travail universitaire. Le brevet a été attribué à l'université de Stanford, qui l'a ensuite cédé à Google moyennant un paquet d'actions revendues plus de 300 millions de dollars sept ans plus tard. La deuxième logique est financière. Avant même la création de l'entreprise en 1998, l'un des fondateurs de Sun a donné 100.000 dollars. Moins d'un an après, la firme a pu lever 25 millions auprès de capital-risqueurs. Au contraire, plusieurs pépites françaises ont échoué à ce stade essentiel, ce qui les a amenées à se jeter dans des bras étrangers. La troisième logique est industrielle. Google est né dans un espace propice à l'éclosion et à la croissance des entreprises high-tech, un « cluster » dense en rivaux, en investisseurs, en fournisseurs, en instituts de formation. L'entreprise a ainsi pu recruter facilement les talents dont elle avait besoin, à la sortie de l'école ou chez les concurrents. En amont, une quatrième logique a aussi joué un rôle crucial : l'accueil. Quand le père de Sergey Brin, lui aussi mathématicien, a réussi à sortir d'URSS à la fin des années 1970, il a débarqué à Paris avec sa famille. Mais il a préféré partir aux Etats-Unis. Une leçon amère au moment où soufflent sur la France les vents mauvais du repli sur soi.

 
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